lundi 5 août 2013

Pourquoi j'aime faire pleurer les enfants

Dans la vie comme dans son travail, on cherche toujours à recevoir l'approbation. À l'école, l'enseignant nous met une petite étoile sur notre copie pour montrer que notre travail vaut quelque chose.

Au travail, c'est la même chose, mais un peu différent. "Un beau travail" du patron, ou un beau sourire de la jolie cliente peuvent faire notre journée.

Pour ma part, ce qui fait ma journée, c'est de voir des enfants pleurer. Je m'explique.

Comme vous le savez peut-être, je suis l'inventeur du DBL Ball et pour me financer et aussi avancer la cause du DBL Ball, je me déplace d'écoles en écoles et dans les terrains de jeu l'été pour faire jouer les prochains grands joueurs de DBL Ball.

Lors de la séance, mes petits joueurs apprennent les règlements et se pratiquent avec des ateliers que je n'hésite pas à rendre compétitif, car 
  1. On fait du sport et dans le sport, il y a des gagnants et perdants.
  2. Je suis quelqu'un de compétitif et je ne peux rien entamer sans avoir une compétition.
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Je prends une petite pause parenthèse pour vous écrire un peu sur la situation de la compétition dans les écoles: la compétition est mal vue. Divisant les meilleurs des pas bons et laissant la place à la méchante intimidation. Tout ce que je viens de dire dans la dernière phrase se retrouve dans le sport:

  1. À la fin de la partie, il y a un gagnant et un perdant.
  2. Des équipes qui font un cri d'équipe, qui revêt un bel uniforme, qui fait du bruit lors d'un point, c'est intimidant!
Fin de la parenthèse.
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Vers la fin de l'atelier, lorsque j'ai initié tous mes petits joueurs, je les lance dans l'affreux de la compétition. Avant de commencer, je mets les bases, question de rendre le parcours un minimum pédagogique. Je dis à peu près ces phrases-là:

"Vous êtes peut-être 10 équipes et une centaine de participants aujourd'hui, mais sachez qu'il n'y aura un seul gagnant. 10 personnes sur 100. 1 chance sur 10 de soulever la Coupe. Commencez aujourd'hui à apprécier la défaite, pour devenir un champion.

Oui, quand on commence la partie, on veut gagner. Je sais que vous n'êtes pas tous là pour participer et jouer pour vous amuser, mais pour gagner.

Avant de commencer, vous êtes prêt à gagner à quel prix? Au prix d'une chicane? Au prix d'une blessure? Au prix d'une amitié? Au prix de votre crédibilité et votre intégrité? Si vous réussissez à soulever la Coupe à la fin de la journée et qu'il n'y a plus personne pour vous applaudir, est-ce que vous êtes des champions?

Les vrais champions sont ceux que l'on aime jouer contre, car il nous donne un défi et nous respecte comme adversaire. Ils sont honnêtes dans leur démarche. Ils reconnaissent le talent après une défaite. Ils soulignent l'effort qui a été mis pour jouer sur le terrain. Ceux-ci seront les vrais champions à la fin de la journée."

Le tournoi commence. Tout le monde a sa chance. Certaines équipes veulent, mais il manque du talent. Certaine équipe ont le talent, mais ne veulent pas. Les parties déroulent jusqu'à ce qu'il ne reste plus que deux équipes et le scénario assez classique se présente.

L'équipe super compétitive qui n'a jamais connu la défaite affronte l'équipe sympathique qui a perdu dans la ronde préliminaire.

L'équipe qui a le plus travaillé son caractère sort gagnante de la finale. L'équipe qui a appris à perdre, revenir de l'arrière, se serrer les coudes et s'encourager gagne, habituellement.

Félicitant les champions, je passe voir les perdants, car ce sont eux qui ont le plus à gagner de l'aventure.

Un enfant pleure accoté sur le but. Les yeux pleins d'eau. Comme s'il avait perdu la médaille d'or ultime de la finale mondiale du monde entier dentier et que la peine de mort l'attend, rien de moins.

Il y a plusieurs genres de pleurs à la fin de la partie.

Ceux qui pleurent parce que même s'ils ont tout donné ce n'était pas suffisant, ce qui est vraiment douloureux pour l'orgueil.
Ceux qui pleurent parce que c'était la seule et unique fois qu'il avait la possibilité de gagner et de perdre ce moment vraiment unique les attristent.
Ceux qui pleurent, car ils se voient victime dans leur défaite.

Pas besoin de dire, que les derniers sont mes préférés et terme d'apprentissage. Accusant l'arbitrage, la tricherie de l'autre équipe, ils sont incapables de s'avouer vaincus par meilleur que soi.

C'est à ce moment que je les accoste et leur rappelle mes propos de début de tournoi.

Ce moment, est le plus beau merci de mon métier. Oui, on considère assez mon sport pour y mettre tellement d'énergie que l'on y tient à coeur au point de pleurer. Mais c'est surtout, le fait que peut-être aujourd'hui, je vais avoir changé quelque chose chez quelqu'un.

J'adore faire pleurer les enfants.

Non je n'ai pas d'enfants qui pleurent. Mais voici les gagnants du Tournoi de Québec en Automne 2012 dernier.

1 commentaire:

  1. Si faire pleurer des enfants est horrible en tant qu'enfant, parent ou enseignant, le fait de pleurer suite à une finale perdue est "normale" tout comme bon nombre de sportif de haut niveau... Il n'y a qu'à voir les cérémonies de médailles pour la Coupe Stanley ou autre Coupe du monde de soccer où les perdants sont filmés aux quatre coins pour voir leur tristesse, leur déception, leurs larmes, leur dégoût et j'en passe... mais c'est juste NORMAL car tout est pris à chaud dans le feu de l'action.

    Ce n'est qu'après qu'ils réaliseront ce qu'ils ont fait et réalisé pour se rendre jusque là et apprendre de cette belle expérience sur différents points : le respect, l'altruime, la solidarité, la notion d'équipe, la gestion des émotions, le mental...

    Alors OUI, c'est triste de voir un enfant pleurer, mais ce sont des larmes les plus enrichissantes qui soient parce qu'on les partage... et on se forge un caractère d'acier !

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